Un soir, tandis que Théophilia dormait d’un sommeil profond, elle fit un rêve étrange une belle femme amérindienne lui offrait un peigne orné de belles pierres et qui semblait briller de mille feux. Elle lui dit « a pou to, mè panga si to bay rot moune mo peigne » « Lô to ké mouri mo ké vini pren’l ». Dans un premier temps , à son réveil Théophilia ne put s’empêcher de penser qu’il ne s’agissait que d’un simple rêve, cela ne pouvait être réel. Elle s’empressa de l’oublier durant la journée. Cependant, le lendemain soir elle fit encore le même rêve. En plus Manman Dilo se présenta. Elle lui dit qu’elle l’observait depuis un certain temps. Elle savait qu’elle était pauvre, et combien sa famille luttait pour survivre. Elle connaissait aussi son bon cœur, c’était pour cette raison qu’elle l’avait choisie.
Ce peigne lui porterait chance. Cependant, il disparaitra le jour de sa mort. Elle devait se rendre au lever du jour à l’endroit où elle lavait habituellement son linge et faisait sa vaisselle. Le peigne était caché sous une pierre.
Cette fois-ci, elle comprit qu’il ne s’agissait pas d’un simple rêve, c’était une véritable invitation. Elle s’empressa de partager son rêve mystérieux avec sa maman qui lui interdit d’en parler à d’autres personnes sous peine de représailles de la part de Manman Dilo. Si elle avait été choisie c’est qu’il y avait une raison, « Manman Dilo pa sa roune mentô , panga to pa fè sa i doumandé to mo pitit ».
Sa mère décida de l’accompagner le surlendemain en prenant bien soin de se cacher, afin que Manman Dilo ne puisse la voir. Elle voulait surtout veiller sur sa fille, tout en ayant enfin la chance de voir ce personnage légendaire évoqué au cours des veillées et qui inspirait la crainte. Quand Théophilia arriva au lieu dit, le soleil venait à peine de se lever. Confiante et sachant que sa mère n'était pas trop loin, elle observa autour d'elle, point de Manman Dilo. Elle s'approcha lentement de la pierre, se baissa et la souleva. Elle découvrit un peigne qui brillait de mille feux . Elle s'empressa de le prendre. Au moment où elle s'apprêtait à quitter les lieux, elle entendit un bruit et se retourna. Elle vit une belle femme qui la regardait fixement.
C'était une amérindienne. Elle lui fit signe comme pour la remercier. Manman Dilo plongea. Théophilia vit sa longue queue de poisson. Sa maman eût aussi le temps de la voir. Le retour à la maison fût silencieux, ni l'une, ni l'autre n'osaient parler de ce qu'elles venaient de vivre. Depuis, Théophilia se coiffait chaque jour avec son peigne qui ne la quittait plus. Elle reconnaissait que c'était son porte-bonheur. Ses petits enfants racontent qu'à la mort de Théophilia le peigne disparut. Ils ne le retrouvèrent point malgré leurs différentes tentatives de recherche.
Témoignage recueilli par Annie-Claude Clovis
Intervenante patrimoine culturel immatériel
Auteure
Comments